C’est l’un des plus gros scandales de corruption du continent, et il implique certaines des plus hautes personnalités de l’État.
L'affaire concerne des prêts secrets de plus de 2 milliard accordés par des banques étrangères à des entreprises publiques mozambicaines, et garantis par l'Etat, officiellement pour des contrats d'équipement en matériel de pêche et surveillance maritime.
Dès 2015, le château de cartes s’effondre à mesure que les révélations s’enchaînent. Le Parlement, supposé garantir le prêt, n’a jamais été consulté. Le projet, qui devait être axé sur le développement, est en fait surtout militaire. Les sociétés n’ont jamais été pleinement opérationnelles. Plus de 713 millions de dollars de surfacturation sont identifiés…
Trois banquiers suisses et un intermédiaire libanais, une quinzaine de très hauts fonctionnaires mozambicains sont soupçonnés de s’être partagé plus de 200 millions de pots-de-vin…
Ces prêts, tenus secrets par le gouvernement jusqu'à leur révélation en 2016, ont valu au pays le retrait du soutien du FMI. Le Mozambique a alors fait défaut sur sa dette et sa monnaie, le metical, s'est effondrée, provoquant la plus grave crise financière depuis son indépendance en 1975.
Efigenio Baptista, le juge : « Les crimes commis ont eu des effets qui se feront ressentir sur des générations. Le pays a été bloqué, l’aide financière à l’État suspendue et la pauvreté s’est aggravée pour des milliers de Mozambicains »
Adriano Nuvunga, coordinateur du groupement anti-corruption Budget Monitoring Forum (BMF) : « une occasion unique pour les Mozambicains de demander des comptes à ceux qui les ont poussés dans la pauvreté … Fonctionnaires et politiciens doivent comprendre que la corruption ne restera pas impunie. La corruption entraîne des millions de gens dans la pauvreté »
Le procès, retransmis en direct à la radio et à la télévision, a duré sept mois. En combinaison orange de prisonniers pour certains, les 19 accusés étaient présents pour la lecture du verdict qui a duré une semaine. Tous des proches du pouvoir, jugés pour chantage, faux, détournement de fonds et blanchiment.
Trois proches du pouvoir au Mozambique, dont le fils de l’ancien président Armando Guebuza, ont été condamnés mercredi 7 décembre à 12 ans de prison ferme dans le gigantesque scandale de corruption dit de la “dette cachée” .
Le gouvernement mozambicain par le biais de ses avocats à Londres s'est félicité de cette décision auprès de l'AFP et s'est dit "déterminé à traduire les responsables en justice".
D'autres procédures sont encore en cours en Suisse, au Royaume-Uni et en Afrique du Sud.

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