Christine Lagarde admet son « erreur » d'avoir mal anticipé l'inflation, qui va rester élevée. L'institution de Francfort entend faire preuve d'une détermination sans faille pour lutter avec force contre l'inflation. Après avoir relevé, pour la première fois depuis onze ans, ses taux directeurs de 0,50 point en juillet, elle les a augmentés à nouveau de 0,75 point ce jeudi. Le taux de dépôt, négatif depuis huit ans, est désormais à 0,75 %.
En augmentant ses taux directeurs, la BCE rend l'argent plus cher pour les banques commerciales, qui se fournissent en liquidités auprès de l'institution. Les banques répercutent donc ensuite cette hausse sur leurs clients.
Christine Lagarde « Nous avons eu différents points de vue autour de la table, une discussion approfondie, mais le résultat de nos discussions a été une décision unanime... Pour ceux qui répètent sans cesse que la BCE est à la traîne, je soutiens que nous sommes sur un chemin qui a commencé en décembre …. ».
En augmentant ses taux et en réduisant la demande, la BCE risque de fortement ralentir la consommation alors que la croissance de la zone euro est déjà faible. Un euro faible fait gonfler la facture de produits importés, ce qui alimente l'inflation. Son augmentation face au dollar pourrait donc mécaniquement faire ralentir la flambée des prix.
Christine Lagarde «Nous avons fait des erreurs de prévision, comme l'ont fait toutes les institutions internationales et comme l'ont fait la plupart des économistes, parce qu'il est virtuellement impossible d'anticiper et d'inclure les nouveaux modèles comme le Covid, la guerre en Ukraine, le chantage à l'énergie».
Les Etats européens vont aussi être touchés par cette hausse. L'emprunt coûtera plus cher aux gouvernements, qui finançaient une grande partie de leurs dépenses avec des sommes empruntées à des taux zéro ou négatif ces dernières années. Des Etats très endettés et jugés vulnérables, comme l'Italie ou la Grèce, pourraient se retrouver en difficulté face à des attaques spéculatives sur leur dette.
Pour 2023 et 2024, les gardiens de l'euro prévoient respectivement 5,5% et 2,3%, toujours au-dessus de l'objectif de 2%. Dans ce contexte, il faut s'attendre à de nouvelles hausses de taux, a prévenu Christine Lagarde.
