Ibrahim Traoré est à la tête du pays depuis le coup d'État de septembre 2022. Photo Sipa / Sputnik / Alexei Danichev
Le régime militaire du capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir en septembre 2022 par un coup d'Etat, va prolonger sa transition à la tête du pays pour cinq années supplémentaires, selon une charte adoptée samedi par les participants à des assises nationales à Ouagadougou.
Les assises nationales, initialement prévues pour s’achever dimanche, ont rassemblé samedi des représentants de la société civiles, des forces de défense et de sécurité ou encore des députés de l’assemblée de transition. La plupart des partis politiques traditionnels ont boycotté l’évènement. La charte adoptée lors des premières assises nationales, à la suite du coup d’État qui a porté le capitaine Traoré au pouvoir septembre 2022, avait mis en place un président, un gouvernement et une Assemblée législative de transition (ALT), en fixant la durée de transition à vingt et un mois. Cette transition devait donc s’achever le 1er juillet 2024, mais à plusieurs reprises le capitaine Traoré a évoqué la difficulté de tenir des élections au vu du contexte sécuritaire dans le pays.
Moussa Diallo, colonel : « La durée de la transition est fixée à soixante mois à compter du 2 juillet 2024 … Le président Traoré pourra par ailleurs se présenter aux élections présidentielles, législatives et municipales qui seront organisées pour mettre fin à la transition »
Dans la nouvelle charte, les "quotas" qui étaient alloués aux partis politiques issus notamment de l’ex-majorité et opposition pour les postes de députés de l’assemblée législative de transition ont été supprimés. Douze postes sur 71 restent alloués aux partis politiques, mais sans attribution spécifique à une formation en particulier. Le "patriotisme" est érigé comme critère pour siéger à cette assemblée ou au gouvernement. Une nouvelle instance baptisée "Korag", dont la composition et le fonctionnement sont à la discrétion du chef de l’Etat, est en outre créée pour "suivre et contrôler la mise en œuvre de la vision stratégique du pays dans tous les domaines et par tous les moyens", précise la charte.
Le Burkina Faso, en proie à des violences djihadistes récurrentes qui ont fait des milliers de morts depuis près de dix ans, a connu deux coups d’Etat militaires en 2022. Le premier, en janvier, avait porté le lieutenant-colonel Paul Henri Sandaogo Damiba au pouvoir. Il a lui-même été renversé en septembre de la même année par le capitaine Traoré.