Une photo publiée par la présidence égyptienne montre le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi (à droite) accueillant le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud, au palais Al-Ittihadiya au Caire, le 21 janvier 2024. AFP - -
L'Égypte et la Somalie se sont rapprochées cette année après que l'Éthiopie a signé un accord préliminaire avec la région séparatiste du Somaliland pour louer des terres côtières en échange d'une éventuelle reconnaissance de son indépendance vis-à-vis de la Somalie.
L'Égypte envoie des armes à la Somalie à la suite d'un pacte de sécurité
Moins de deux semaines après la signature d’un accord de coopération militaire au Caire entre les présidents égyptien et somalien, deux avions Lockheed C-130 de l’armée de l’air égyptienne se sont posés sur le tarmac de l’aéroport de Mogadiscio, le 27 août, pour y livrer des armes et y débarquer des officiers instructeurs. L’arrivée en force de l’Egypte en Somalie, qui est à couteaux tirés avec l’Ethiopie depuis le début de l’année, marque un pas de plus dans l’escalade militaire en cours dans la Corne de l’Afrique. Le gouvernement de Mogadiscio a qualifié cet accord d'atteinte à sa souveraineté et a déclaré qu'il le bloquerait par tous les moyens nécessaires.
Rashid Abdi, analyste au sein du groupe de réflexion Sahan Research : « Si les Égyptiens posent des bottes sur le terrain et déploient des troupes le long de la frontière avec l'Éthiopie, cela pourrait entraîner une confrontation directe entre les deux pays »
Au cours des derniers mois, le président somalien Hassan Cheikh Mohamoud a multiplié les alliances défensives pour se protéger contre les éventuelles incursions de l’Ethiopie voisine, à qui il reproche une agression et une violation flagrante de sa souveraineté. L’accord maritime signé en janvier entre Addis-Abeba et la région séparatiste somalienne du Somaliland, qui a proclamé son indépendance en 1991, est à l’origine de ces frictions régionales. Cet accord vise à concéder à l’Ethiopie une bande de territoire de 20 kilomètres pour une période de 50 ans, et devrait culminer avec la reconnaissance officielle de la République du Somaliland par le gouvernement éthiopien – une line entravée pour Mogadiscio qui cherche à contrecarrer ce traité. La Somalie a déjà menacé d'expulser les quelque 10 000 soldats éthiopiens présents dans le cadre de la mission de maintien de la paix et d'accords bilatéraux visant à lutter contre les militants d'Al Shabaab, si l'accord n'était pas annulé.
Depuis dix ans, l’Égypte et l’Éthiopie se disputent au sujet du barrage de la Renaissance sur le Nil, le plus grand projet hydraulique d’Afrique, que Addis-Abeba a terminé de construire cette année. Cette dispute diplomatique concerne la gestion et la distribution des eaux du Nil, dont l’Égypte dépend à 97% pour ses besoins en eau. La suite de cet article est réservée aux abonnés.