Les tensions entre le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez (à droite) et le président argentin Javier Milei (à gauche) persistent. © Crédit photo : PAU BARRENA TOMAS CUESTA/AFP
L’Espagne a décidé de « définitivement » retirer son ambassadrice d’Argentine après le refus du président argentin, Javier Milei, de présenter des excuses pour ses propos sur le premier ministre espagnol et son épouse, a annoncé, mardi 21 mai, le ministre des affaires étrangères espagnol.
Cette crise diplomatique inédite entre les deux pays s’est emballée à la suite des propos dimanche à Madrid de Javier Milei lors d’une convention du parti d’extrême droite espagnol Vox, dont il était invité d’honneur. Dans un discours belliqueux, il a attaqué, comme il en a l’habitude, le socialisme, mais s’en est aussi pris à l’épouse du Premier ministre espagnol, Begoña Sánchez, sans toutefois la nommer. " Quand vous avez une femme corrompue, vous vous salissez et vous prenez cinq jours pour y réfléchir", a dit le président argentin, qui n’a rencontré ni le roi Felipe VI, ni Pedro Sánchez lors de sa visite de trois jours à Madrid.
José Manuel Albares, le ministre espagnol des Affaires étrangères : « Je vous annonce que nous retirons notre ambassadrice de Buenos Aires … C’est un fait sans précédent de voir un chef d’État venir dans la capitale d’un autre pays pour insulter ses institutions et pour commettre une ingérence claire dans ses affaires internes … L’ambassadrice restera définitivement à Madrid. L’Argentine n’aura plus d’ambassadeur »
Javier Milei, le président argentin : « Cela ternit l'image internationale de l'Espagne et montre l'arrogance de ses dirigeants … Ils se prennent pour l'Etat et personne ne peut rien leur dire Je ne vais en aucun cas m'excuser auprès de lui … C'est moi qui ai été attaqué »
Ces propos ont été perçus comme une allusion claire à la récente décision de Pedro Sanchez de suspendre toutes ses activités durant cinq jours pour réfléchir à une démission, après l'ouverture d'une enquête préliminaire pour "trafic d'influence" et "corruption" contre son épouse. Les tensions entre Madrid et Buenos Aires avaient éclaté il y a deux semaines, après les déclarations du ministre espagnol des Transports, Oscar Puente, qui avait suggéré que Javier Milei se droguait. La présidence argentine avait alors réagi en accusant Pedro Sanchez de n'apporter que "pauvreté et mort" en Espagne avec ses politiques.
L'annonce du retrait de l'ambassadrice à Buenos Aires a suscité aussi les critiques de l'opposition de droite espagnole. Elle a accusé le Premier ministre espagnol de "surjouer" et de se victimiser à des fins électoralistes, à l'approche d'élections européennes pour lesquelles l'extrême droite a le vent en poupe dans les sondages.