L’Assemblée nationale sénégalaise (ici en novembre 2023), a mis en place une commission d’enquête sur le processus électoral, à mois d’un mois du premier tour de la présidentielle de février 2024. © DR / Assemblée nationale
Il aura fallu une journée entière de débats à l’Assemblée nationale dans une ambiance électrique − des parlementaires en venant même aux mains − pour valider le report controversé de l’élection présidentielle au Sénégal.
La loi repoussant le scrutin initialement prévu le 25 février au 15 décembre 2024 a finalement été adoptée dans la nuit de lundi 5 à mardi 6 février, à la quasi-unanimité, par 105 voix pour et une voix contre. Les élus de l’opposition ont tenté de faire obstruction au vote en bloquant l’accès à l’hémicycle. La gendarmerie a fini par les faire évacuer. Le vote s’est finalement tenu sans ces élus d’opposition, aboutissant à l’adoption de la loi à l’unanimité par les 105 députés présents.
Ayib Daffé, un député de l’opposition : « La situation est complètement catastrophique, l’image du Sénégal est ruinée et je ne pense pas que nous nous relèverons de sitôt de cette faillite démocratique, de ce tsunami dans l’état de droit »
L'Assemblée nationale a finalement voté à la quasi-unanimité des députés présents la proposition de loi de reporter la présidentielle au 15 décembre 2024 et celle de laisser au pouvoir le président sortant jusqu'à l'entrée en fonction d'un nouveau dirigeant. En effet,le texte contient deux articles cruciaux : une dérogation à la Constitution qui repousserait l'élection de six mois au 25 août prochain, et un deuxième article qui demande que Macky Sall poursuive ses fonctions de président jusqu'à l'installation de son successeur. La date du 2 avril comme date butoir de fin de mandat du président ne figure pas sur cette proposition de loi, ce qui ouvrait la porte à la possibilité de reporter l'élection au-delà de six mois et au président Macky Sall de rester au pouvoir après la fin de son second mandat.
La Communauté des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao), l’Union africaine, les Etats-Unis, l’Union européenne, la France, le Royaume-Uni et l’Allemagne, partenaires importants du Sénégal, ont exprimé leurs inquiétudes.