Alain Policar n’aura duré qu’un an au sein du Conseil sages de la laïcité et des valeurs de la République. En effet, le journal l’Opinion nous apprend que Nicole Belloubet lui reproche sa critique de la loi de 2004 sur les signes religieux ostensibles et met fin à ses fonctions avant le 30 juin.
Installé au sein du Conseil des sages par Pap Ndiaye, il y a un an, l’universitaire Alain Policar a suscité la polémique le 5 avril après une émission de radio sur RFI où il s’exprimait sur le port du voile. Il était connu pour des positions moins fermes sur la laïcité que les autres membres. Confirmant une information de L’Opinion, l’entourage de Mme Belloubet a expliqué au Monde, jeudi 25 avril, que le départ d’Alain Policar avait été annoncé par la ministre dans un discours devant le conseil, le 22 avril, et qu’il serait effectif « au 1er juillet ».
Alain Policar : « Le voile n’est pas le plus souvent un signe de prosélytisme – les enquêtes sociologiques montrent qu’il s’agit même souvent d’un vecteur d’émancipation pour les jeunes filles par rapport à leurs milieux – et le port du voile devrait donc être analysé chaque fois au cas par cas .. ça illustre, me semble-t-il, les difficultés d’appliquer sereinement la loi qui (…) apparaît, à tort ou à raison, comme discriminatoire à l’égard des musulmans …. certaines de ces femmes se voilent pour qu’on leur fiche la paix. En tant que membre du conseil, Nicole Belloubet exige qu’on ne puisse critiquer l’application de la loi et la façon dont sont collectées les atteintes à la laïcité … Mais je suis un expert. Et un expert ne doit pas perdre sa liberté d’expression».
Ces propos ont déclenché l’envoi d’une missive de Dominique Schnapper, présidente du CSL, à Alain Policar, dont copie a été adressée au cabinet de Nicole Belloubet. Dans ce courrier que Le Monde a pu consulter, Mme Schnapper regrette que le sociologue ait été présenté sur le site de RFI comme membre de l’instance, dont il évoque par ailleurs les travaux dans le corps de l’interview. Elle lui reproche d’avoir pris position en faveur d’une application au cas par cas du texte sur les signes religieux, ce qui revient à remettre en cause une loi de la République.
Il y a un an, la nomination au CSL d’Alain Policar par Pap Ndiaye, alors ministre de l’Education nationale, avait été très critiquée par les « historiques » de l’institution créée par Jean-Michel Blanquer qui y voyaient une manœuvre de dilution de la défense de la laïcité.